Décoloration capillaire : halte aux brûlures du cuir chevelu !

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Rédigé par Deborah L. et publié le 3 juillet 2021

Avec les beaux jours, nombreuses sont les personnes qui souhaitent s’éclaircir les cheveux. Pour cela, rien de tel que de se rendre en salon de coiffure pour qu’un professionnel s’en charge. Or, la décoloration capillaire n’est pas sans risque et peut parfois provoquer de graves brûlures du cuir chevelu. On fait le point.

Décoloration capillaire

Qu’appelle-t-on décoloration capillaire ?

A l’approche des vacances d’été, rien de plus tentant que d’éclaircir sa chevelure ! Pour cela, direction le salon de coiffure où un professionnel réalisera une décoloration capillaire. Cette technique débute par l’application sur des mèches de cheveux à éclaircir d’une pâte composée d’un agent oxydant, le peroxyde d’hydrogène (H2O2), et de persulfates, agents chimiques actifs chargés de rendre les cheveux poreux. Cette pâte a pour rôle de faciliter la pénétration du produit décolorant et d’accélérer la décoloration capillaire.

Les mèches sélectionnées par le coiffeur sont ensuite isolées au moyen d’une feuille de papier aluminium et recouvertes du mélange décolorant à l’aide d’un pinceau. S’ensuit alors le phénomène de décoloration proprement dit qui repose sur une réaction d’oxydation : les pigments mélaniques du cheveu vont être détruits et les mèches de cheveux éclaircies.

À savoir ! La réaction chimique de décoloration peut se faire plus rapidement en plaçant la personne sous un casque chauffant.

Si cette technique de décoloration capillaire peut sembler banale, elle n’est pas sans risque et peut provoquer des brûlures du cuir chevelu parfois graves, comme en témoignent des les dermatologues du CHRU de Nancy.

Décoloration capillaire et risque de brûlure du cuir chevelu

Dans un article publié en 2018 dans les Annales de Dermatologie et de Vénéréologie, les dermatologues du CHRU de Nancy ont en effet évoqué le cas malheureux d’une jeune fille dont le cuir chevelu  a été gravement brûlé suite à une décoloration capillaire réalisée en salon de coiffure. C’est la douleur associée à un suintement s’écoulant sur les cheveux qui ont conduit la jeune fille à consulter dans le service de dermatologie-allergologie du CHRU Brabois à Vandœuvre-lès-Nancy. Les praticiens diagnostiquent alors une brûlure profonde du deuxième degré avec comme séquelle une large zone définitivement dépourvue de cheveux. S’ensuivent quatre longs mois de cicatrisation nécessitant l’application de pansements quotidiens qui laisseront place à une grande zone du cuir chevelu lisse, totalement et définitivement dépourvue de cheveux, appelée « alopécie cicatricielle ».

Bien que ce genre de mésaventures soit rare, plusieurs autres cas de brûlure provoqués par des décolorations capillaires ont été décrits dans la littérature médicale ces dernières années. La plupart du temps, les lésions du cuir chevelu apparaissaient à l’arrière du crâne ou au point le plus élevé de la voûte crânienne, appelé vertex. Le temps de cicatrisation prolongé (plusieurs mois) et supérieur à la durée de cicatrisation d’une brûlure thermique, incite les scientifiques à retenir l’hypothèse d’une brûlure chimique. Mais vu que la technique de décoloration est quasiment toujours associée à l’utilisation d’une source de chaleur, une brûlure thermique peut aussi être mise en cause.

À savoir ! La lésion de brûlure est provoquée par le contact direct entre la préparation oxydante et les feuilles d’aluminium ainsi que parfois par le dégagement de chaleur associée à la réaction chimique entre le mélange des produits de coiffure et la peau.

Par ailleurs, en raison de la dissolution lente du mélange oxydant et de sa persistance dans la couche cornée de la peau, la lésion du cuir chevelu peut progresser pendant plusieurs jours après le passage en salon de coiffure.

De la nécessité d’informer les professionnels et le grand public

Selon les dermatologues du CHRU de Nancy, le risque de brûlure secondaire à la procédure de décoloration capillaire reste peu connu des professionnels de santé. Ils plaident donc en faveur d’une information plus large des professionnels et du grand public à travers :

  • Des campagnes d’information dans les écoles de coiffure sur le bon usage de ces produits.
  • La publication dans un registre de tous les cas de brûlures existants afin de sensibiliser les autorités sanitaires à ce risque.
  • La réduction de la concentration des produits chimiques en cause.
  • La limitation de l’accès à la décoloration capillaire aux seules personnes adultes vu la sévérité des séquelles éventuels.

En attendant, l’Anses a déjà porté son attention sur les produits de décoloration capillaire. Estimant que leur composition pouvait constituer un risque pour la santé des utilisateurs exposés, l’Agence recommande depuis 2019 de restreindre la présence de persulfates à l’origine de réactions allergiques respiratoires et cutanées.

Déborah L., Docteur en Pharmacie

Sources
– Brûlure du cuir chevelu induite par les décolorations capillaires. sciencedirect.com. Consulté le 23 juin 2021.
– Quand une décoloration vire au cauchemar. lemonde.fr. Consulté le 23 juin 2021.
– L’Anses recommande de restreindre les substances persulfates dans les produits capillaires. anses.fr. Consulté le 23 juin 2021.