L’évolution des paramètres sanguins après une grave brûlure

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Rédigé par Estelle B. et publié le 19 octobre 2020

Le pronostic des grands brûlés est souvent assombri par une forte morbidité et une mortalité élevée. Si la prise en charge des patients s’est considérablement améliorée au cours des dernières décennies, la mortalité des brûlures graves reste élevée. Pour réduire cette mortalité, les cliniciens ont besoin de biomarqueurs prédictifs de l’évolution de l’état de santé des patients brûlés. Récemment, une étude apporte un éclairage nouveau sur ce sujet. Explications.

Homme qui soigne sa main qui vient d'être brulée

Brûlure et paramètres sanguins

Actuellement, la prise en charge des grands brûlés est associée à une surveillance étroite de plusieurs biomarqueurs sanguins :

  • Le taux de globules blancs (signe d’un possible sepsis) ;
  • Le taux de lactates (potentiellement révélateur d’une dégradation des muscles) ;
  • Le taux de créatinine (indicateur de la fonction rénale) ;
  • Le taux de bilirubine totale (évocatrice d’un dysfonctionnement du foie ou de la vésicule biliaire) ;
  • Le temps de prothrombine, l’un des paramètres de la coagulation sanguine.

Si ces paramètres sont régulièrement utilisés au cours de la prise en charge des patients brûlés, peu d’études se sont intéressées à l’évolution de ces paramètres en fonction de l’apparition de différents événements compliquant le diagnostic de la brûlure et donc compromettant le pronostic du patient.

Une analyse prospective et rétrospective

Dans une récente étude, des chercheurs se sont penchés sur l’évolution de ces paramètres sanguins avant ou après l’apparition de morbidités associées à la brûlure. Ils ont analysé les données de 2 259 patients adultes, inclus entre 2007 et 2018. Tous les paramètres ont été évalués à différents moments après la brûlure. Le taux de plaquettes sanguines était utilisé comme un facteur prédictif de la mortalité liée à la brûlure.

Parmi les participants de l’étude, 1 767 ont survécu à leurs brûlures, le taux de mortalité globale étant de 21.8 %. Globalement, le groupe de patients ayant survécu se démarquait de l’autre groupe par plusieurs caractéristiques générales :

  • Un âge plus faible ;
  • Une plus faible superficie de peau brûlée ;
  • Une moindre prévalence des blessures par inhalation.

Doser certains paramètres à certains moments pour affiner le pronostic

Selon les résultats de cette étude, les biomarqueurs sanguins testés peuvent permettre de déterminer très précocement le devenir du patient brûlé. De manière prospective, les chercheurs ont pu distinguer deux groupes de paramètres associés à l’évolution clinique des patients :

  • Les patients présentant des valeurs anormales de plaquettes, de lactates et du temps de ;
  • Les patients présentant des valeurs anormales de créatinine, de bilirubine totale et de globules blancs.

Cependant, en regardant les données de manière rétrospective, les chercheurs ont observé une différence significative en fonction du jour où les paramètres étaient testés. Si le taux de plaquettes reste un élément prédictif de la mortalité après brûlure, le taux de lactates apparaît en réalité plus informatif sur le pronostic du patient dans les premiers jours qui suivent la brûlure. Grâce à cette étude, les cliniciens pourraient adapter plus finement les dosages de biomarqueurs sanguins, pour mieux prédire l’évolution de l’état de santé du patient brûlé, et ainsi mieux le prendre en charge.

Estelle B., Docteur en Pharmacie

Source
– Trajectories of longitudinal biomarkers for mortality in severely burned patients. nature.com. Consulté le 10 octobre 2020